UNE VACHE LAITIÈRE, CE N'EST PAS SEULEMENT DES UF ET DES PDI
qui entrent d'un côté et du lait qui sort de l'autre, souligne Vincent Claisse, nutritionniste d'Avenir Conseil Élevage. Au-delà de l'attention portée à l'équilibre de la ration et à la qualité des fourrages, on oublie trop souvent qu'il s'agit avant tout d'un être vivant, auquel on demande chaque jour un haut niveau de performances. Pour répondre à cet enjeu et lui permettre d'exprimer son potentiel, le confort de logement est un élément fondamental. » C'est pourquoi, lorsque l'alimentation n'apporte pas la réponse attendue en lait, la conception interne du bâtiment fait partie des facteurs limitants à incriminer. L'animal doit y trouver un environnement favorable, dans lequel on s'attache à supprimer les sources de stress et de compétition.
JÉRÔME PEZON, EN COLLABORATION AVEC VINCENT CLAISSE, EXPERT NUTRITIONNISTE D'AVENIR CONSEIL ÉLEVAGE
NE PAS CALFEUTRER LES OUVERTURES
- Une bonne ambiance contribue au confort de l'animal et limite les troubles respiratoires. Elle repose sur le renouvellement de l'air pour évacuer l'ammoniac et l'humidité, tout en protégeant des courants d'air.
- Des ouvertures et des sorties suffisantes assurent le renouvellement de l'air, là où les bardages en réduisent la vitesse.
- En cas de problème, ne pas calfeutrer les ouvertures ! Car le renouvellement de l'air serait insuffisant. Pour la même raison, il faut veiller à l'entretien des bardages ou des filets qui se bouchent dans le temps.
NE PAS COMPTER MOINS DE 8 M2 OU D'UNE LOGETTE PAR VACHE
- Une vache est couchée 12 à 14 h/j. La réduction des surfaces de couchage entraîne une diminution du temps de repos, période au cours de laquelle elle rumine et initie sa production laitière.
- En aire paillée, viser 8 à 10 m2 de couchage pour 3 m2 d'aire d'exercice.
- En logettes, prévoir une place par vache (5 m2). Sinon, les animaux dominés auront un accès aux logettes limité et donc un temps de repos plus faible.
DES COULOIRS PAS ASSEZ LARGES
- Pour une circulation fluide et un accès facile à la table d'alimentation, les couloirs doivent être larges et propres. Deux vaches doivent pouvoir passer derrière une rangée de vaches au cornadis.
- Prévoir 4,50 à 5 m derrière les cornadis, 3 m au minimum dans le couloir entre les logettes (sans cul-de-sac) et un passage au moins toutes les vingt logettes.
- Lorsque les couloirs sont trop étroits, les animaux se déplacent moins, restent plus longtemps couchés et compensent avec des pics d'ingestion à la table d'alimentation.
GARE AUX STALLES TROP COURTES
- Dans une logette confortable, les vaches sont couchées 60 % du temps. Elles restent très peu en position « perchée » (pattes avant dans la logette et arrière dans le couloir) ou debout.
- Si une vache met plus d'une minute pour se coucher, ou si plus de 25% d'entre elles sont en position perchée, c'est un signe de logettes inconfortables ou trop petites (les pattes arrière doivent être d'aplomb à 10 cm du seuil de la logette).
- Le réglage de l'arrêtoir au sol et de la barre au garrot est essentiel. Il doit tenir compte du gabarit des plus grands animaux et leur offrir un espace ouvert suffisant à l'avant pour qu'ils puissent se lever et se coucher sans crainte de se blesser.
UN RAINURAGE TROP PROFOND
- Le rainurage est la solution pour rendre sa rugosité à un béton lisse sur lequel les vaches hésitent à se déplacer, avec des conséquences sur la fréquentation de la table d'alimentation.
- La norme consiste à viser des rainures espacées de 7 à 8 cm pour 1 cm de profondeur.
- Trop profond et trop rapproché, un rainurage devient agressif, les sabots sont constamment en porte-à-faux entre les creux, et le raclage se fait mal. Ceci renforce le risque de boiteries traumatiques et infectieuses dues au microbisme.
SALES, EN NOMBRE INSUFFISANT
- Prévoir une place d'abreuvement pour 10 vaches (une place = un bol ou 50 cm de bac accessible). Pour éviter qu'une dominante ne bloque l'accès à l'abreuvoir, il faut toujours au minimum deux points d'eau, dont le positionnement offre un dégagement suffisant pour permettre aux animaux dominés d'éviter les confrontations et de s'abreuver sans stress.
- Le sous-abreuvement entraîne une baisse de l'ingestion de MS, une chute de production, de l'amaigrissement, des problèmes de santé et de reproduction.
- Une vache décèle 0,5 g de bouse dans 1 litre d'eau. À partir de 2,5 g, elle va restreindre sa consommation. L'abreuvoir doit donc être lavé au moins une fois par semaine en stabulation.
L'INCONFORT : CAUSE DE TRAUMATISMES
- À force de se coucher sur des surfaces dures, les vaches se blessent aux jarrets et aux genoux (carpe, tarsite). Pour éviter ces blessures en logettes paillées sur béton, il faut veiller à ce qu'elles puissent se coucher sur une litière épaisse (3 kg/VL/jour) renouvelée deux fois par jour.
- Une vache qui boite se déplace moins, mange moins et donc produit moins. En logettes, un parage préventif annuel est recommandé. En zéro pâturage, si les aires d'exercice sont équipées de tapis, deux parages sont nécessaires. En aires paillées, le parage préventif est recommandé dès que plus de 10 % des animaux ont des problèmes de pattes.
Boiterie
Tarsite